CONTE IRLANDAIS - LE PETIT GARCON ET LE GEANT
Il
y avait une fois un roi qui avait une fille. Elle se maria. Il arriva
un jour que son mari n’était pas à la maison. Le Grand Géant de
Reibhlean vint et l’emporta.
Une année après, son mari se leva:
- Il y a aujourd’hui un an que ma femme est partie ; je vais aller la chercher aujourd’hui.
Il partit et rencontra un parc à moutons. II aborda le berger:
- A qui sont ces brebis? dit-il.
-
Au Grand Géant de Reibhlean, au nord et au sud d’Erin, à la belle
petite femme, fille d’un roi d’Erin ; grosse comme ton doigt coulait
chaque larme sur sa joue blanche, pleurant son mari, pleurant son
homme, pleurant ses trois frères, en sorte qu’elle regrette plus encore
le petit garçon aux trois quartiers que les quatre hommes qu’elle a
laissés en Erin, là-bas.
Il partit et rencontra un homme debout à une porte:
- Laisse-moi passer, dit-il.
- Je ne te laisserai pas passer, dit le portier, que tu ne paies le péage.
Il mit la main dans sa poche et lui tendit l’argent. Il ne s’arrêta pas
qu’il ne fût à la maison du Grand Géant de Refbhlean. La femme le vit
venir :
- Quel malheur, dit-elle, que tu ne sois pas resté a la maison! Quand cet homme viendra ce soir à la maison, il te tuera.
Ils eurent une journée de plaisir, jusqu’à ce qu’arrivât la nuit.
- II vaut autant pour toi aller te cacher maintenant, dit-elle, avant que cet homme ne te voie.
Elle le mit sous son lit.
II n’y était pas depuis longtemps que le Grand Géant de Reibhlean
arriva, avec un grand daim en travers de ses épaules. Il le passa par
le feu, par les cendres et le mit dans sa bouche.
- Frou! frâ ! feasôg ! dit-il, je sens l’odeur de l’Irlandais menteur,
fripon, qui se répand ce soir dans ma cour et mon château.
- Mon secret et mon amour, dit la femme, n’en sera-t-il pas ainsi tant que je serai là?
- Il y a cela et quelque chose de plus, dit le Grand Géant.
-
J’ai été tout au haut de la maison et de petits oiseaux d’Erin sont
passés et se sont posés sur moi. Voila l’odeur que tu sens.
- Il y a cela et quelque chose en plus, dit-il.
Il se leva et chercha en haut et en bas en sorte qu’il trouva l’homme
sous le lit. Il l’en tira, prit une sombre baguette magique et il
changea en un pilier de pierre.
Une année après, son frère se leva:
-
Il y a deux ans aujourd’hui qu’elle est partie et il y a un an
aujourd’hui que son mari est parti à sa recherche et je vais partir
moi-même la chercher.
Il partit. Il ne s’arrêta pas qu’il ne fut à la maison du Grand Géant de Reibhlean. La femme le vit venir.
- Quel malheur, dit-elle, que tu ne sois pas resté à la maison. Quand cet homme viendra à la maison, il te tuera.
Ils eurent une journée de plaisir et de chant jusqu’à ce qu’arrivât la nuit.
- Il vaut autant pour toi te cacher maintenant, dit-elle; dans peu de temps, cet homme va venir à la maison.
II
n’était pas caché depuis longtemps quand le Grand Géant de Reihhlean
entra, une vieille bête blanche sur l’épaule. Il la passa par le feu et
par les cendres et la mit dans sa bouche.
- Frou!
frâ ! feasôg ! dit-il, je sens l’odeur de l’Irlandais menteur, fripon,
qui se répand dans ma cour et mon château ce soir.
- Mon secret et mon amour! dit-elle, n’en sera-t-il pas ainsi tant que je suis ici?
- Il y a cela et quelque chose de plus.
- J’ai été tout au haut de la maison et de petits oiseaux d’Erin se sont posés sur moi, voilà l’odeur que tu sens.
- Il y a cela et quelque chose en plus.
Il se leva et chercha en haut et en bas, en sorte qu’il trouva l’homme.
Il l’emporta, prit une sombre baguette magique et en fit un pilier de
pierre.
Une année après, le second frère se leva:
-
Il y a aujourd’hui trois ans qu’elle est partie. Il y a aujourd’hui
deux ans et un jour que son mari est parti la chercher. Il y a
aujourd’hui un an que mon frère est parti et je vais partir moi-même
aujourd’hui.
II partit. II ne s’arrêta pas qu’il ne fut à la maison du Grand Géant.
-
Oh! quel malheur! dit-elle, que tu ne sois pas resté chez toi! Quand
cet homme viendra à la maison, il te tuera. Mon mari est étendu ici
ainsi que ton frère.
Ils eurent une journée de plaisir et de chant jusqu’à ce que vint la nuit.
- Il vaut autant pour toi aller te cacher maintenant, dit-elle, dans peu de temps, cet homme va venir.
Elle le cacha. Il n’y avait pas depuis longtemps que le Grand Géant
entra, un grand daim en travers de ses épaules. Il le passa par le feu
et par les cendres et le mit dans sa bouche.
-
Frou! frâ ! feasôg ! dit-il, je sens l’odeur de l’Irlandais menteur,
trompeur, qui se répand dans ma cour et mon château ce soir.
- Mon secret et mon amour! dit-elle, n’en sera-t-il pas ainsi tant que je serai ici?
- Il y a cela et quelque chose de plus.
- J’ai été tout au haut de la maison. De petits oiseaux d’Erin se sont posés sur moi, voila l’odeur que tu sens.
- Il y a cela et quelque chose de plus.
Il chercha en haut et en bas en sorte qu’il trouva l’homme. Il
l’enleva. Il prit une sombre baguette magique et le changea en pilier
de pierre.
Un an après, un autre de ses frères se leva:
- Il
y a aujourd’hui quatre ans qu’elle est partie. Il y a aujourd’hui trois
ans que son mari est parti la chercher. II y a aujourd’hui deux ans que
mon frère est parti les chercher; il y a aujourd’hui un an qu’un autre
de mes frères est parti. Que le malheur et la pauvreté tombent sur moi
si je ne vais pas chercher mes frères aujourd’hui!
Il partit. Il ne s’arrêta pas qu’il ne fût à la maison du Grand Géant.
- Oh! quel malheur que tu ne sois pas resté chez toi! Quand cet homme
viendra à la maison, il te tuera. Tes deux frères sont étendus là
dehors ainsi que mon mari, et tu seras avec eux cette nuit.
Ils eurent une journée de plaisir et de chant jusqu’à ce qu’arrivât la nuit.
- II vaut autant pour toi, dit-elle, aller te cacher maintenant. Dans peu de temps, cet homme sera à la maison.
Il alla se cacher.
Il
n’y était pas depuis longtemps que le Grand Géant entra, une grande
vieille bête en travers de ses épaules. Il la passa par le feu, par les
cendres et la mit dans sa bouche.
- Frou!
frâ ! feasôg ! dit le géant, je sens l’odeur de I’Irlandais menteur,
fripon, qui se répand dans ma cour et mon château cette nuit.
- Mon secret et mon amour! dit-elle, n’en sera-t-il pas ainsi tant que je serai là?
- Il y a cela et quelque chose de plus.
- J’ai été tout au haut de la maison. Il y a eu des petits oiseaux d’Erin à se poser sur moi. Voila l’odeur que tu sens.
- Il y a cela et quelque chose de plus.
Il chercha en haut et en bas en sorte qu’il trouva l’homme. Il
l’emporta. Il le frappa avec une sombre baguette magique et le changea
en pilier de pierre.
Une année après, le petit garçon aux trois quartiers se leva:
-
II y a longtemps qu’est partie ma mère, dit-il, il y a longtemps que
sont partis mes trois oncles et que le malheur et la pauvreté tombent
sur moi si je ne vais pas les chercher!
Il partit. Il apprêta sa poule et son gâteau d’avoine. II partit et rencontra le pâtre des brebis:
- A qui sont ces brebis? dit-il.
-
Au Grand Géant de Reibhlean, au nord et au sud de l’Irlande, à la belle
petite femme, fille d’un roi d’Irlande; grosse comme ton doigt coulait
chaque larme sur sa joue blanche, pleurant son mari, pleurant son
homme, pleurant ses trois frères, en sorte qu’elle regrette plus encore
le petit garçon aux trois quartiers que les quatre hommes qu’elle a
laissés en Erin là-bas.
- Laisse-moi passer.
- Je ne te laisserai pas passer, dit le pâtre des brebis, que tu ne payes le péage.
Le petit garçon aux trois quartiers lui coupa la tête et continua sa
route. Il ne s’arrêta pas qu’il ne fût à la maison du Grand Géant. La
mère le vit venir:
- Oh! mon fils chéri, dit-elle, c’est un malheur que tu ne sois pas
resté chez toi! Quand cet homme viendra à la maison ce soir, il te
tuera. Ton père et tes trois oncles sont étendus là dehors.
Elle l’étouffa de baisers, le noya de larmes; elle l’essuya avec un
manteau de soie et de satin et le coucha sur un lit de plume. Quand la
nuit vint, elle descendit à l’endroit où était le petit garçon aux
trois quartiers.
-
Oh! mon fils chéri, oh! mon fils chéri, dit-elle, oh! mon fils chéri,
dans peu de temps, cet homme va venir a la maison et il vaut autant
pour toi aller te cacher avant qu’il ne te tue.
Le Grand Géant ne tarda pas à entrer, une grande vieille bête en
travers de ses épaules. Il la passa par le feu, par les cendres et la
mit dans sa bouche.
-
Frou! frâ ! feasôg ! dit-il, je sens l’odeur de l’Irlandais menteur,
fripon, qui se répand dans ma cour et mon château cette nuit.
- Oh! mon secret et mon amour! n’en sera-t-il pas ainsi tant que je serai là?
- Il y a cela et quelque chose de plus.
- Oui, et je suis là, dit le petit garçon aux trois quartiers.
Le petit garçon aux trois quartiers arriva.
- Que préfères-tu, dit le Grand Géant, lutter ou combattre dur?
-
Je préfère lutter, dit le petit garçon aux trois quartiers ; j’ai
pratiqué la lutte dans de petits villages, dans de grands villages,
dans les villages de mon père et de ma mère.
Ils se prirent l’un l’autre dans les dures étreintes de la lutte, en
sorte qu’ils faisaient un oeuf mou avec du roc, du roc avec un oeuf
mou, une fontaine d’eau vive au milieu du rocher gris. S’il venait
quelqu’un du nord du monde au sud du monde, c’est pour regarder ces
deux-là qu’il viendrait, en sorte que le soir et la fin du jour
arrivèrent.
Le petit garçon aux trois quartiers l’étreignit et l’enfonça en terre
jusqu’aux genoux, et d’une seconde étreinte jusqu’à la pomme d’Adam.
- Une petite motte verte au-dessus de la tête, sale coquin, dit le petit garçon aux trois quartiers.
- Ne fais pas cela, dit le Géant, je te donnerai la moitié de ce qui est dehors et de ce qui est dedans.
-
C’est a moi depuis deux jours, dit le petit garçon aux trois quartiers
en faisant sauter sa tête à neuf sillons et neuf sillons.
La tête revenait sur le corps. Il frappa à la tête sur le péricrâne.
- Ce n’est pas malheureux pour toi, dit la tête; si je revenais sur le
corps, ni toi ni les hommes d’Erin ne la sépareraient.
Il entra. Il trouva la sombre baguette magique. II frappa un coup sur
son père et sur ses trois oncles. Ils se levèrent debout, comme ils
étaient auparavant. Ils rassemblèrent ce qu’il y avait de richesses
dehors et dedans et les emportèrent avec eux. Il s’en alla avec sa
mère, son père et ses trois oncles ; ils arrivèrent chez eux et ils
vécurent bien jusqu’à leur mort.